San Rechal Gandhi est une mannequin sud-asiatique à la couleur de peau noire qui défie les normes de beauté européanocentrées.
La mise au défi des normes de beauté européanocentrée régissant le monde
En effet, le Leitmotiv qu’elle porte s’est révélé lors du vécu du paradoxe postcolonial selon lequel la société indienne valorise tout ce qui est noir et luxueux tout en refusant d’accepter la beauté et la valeur des personnes à la peau noire.
Face à cet injurieux constat, San Rechal Gandhi s’est efforcée de répondre massivement au problème du colorisme en accroissant la représentation des personnes noires en Inde. Précisément, elle a crée sa propre agence de mannequins dans laquelle elle s’approprie le droit sur la représentation des personnes aux couleurs de peaux foncées. De cette manière, le sujet postcolonial reprend entre ses mains le pouvoir détenu par l’Occident.
Effectivement, au sein de cette agence de mannequinat, sont promues des Indiens ayant une couleur de peau noire. Elle a ainsi permis l’ouverture d’une voie nouvelle à ces individus en leur permettant d’augmenter leur visibilité et de bousculer les stéréotypes existants.
De même, cette entreprise Rose Noire Academy porte un message fort qui permet de lutter contre la discrimination raciale en proposant aux personnes stigmatisées de briller sur le devant de la scène à défaut d’être de simples figurants ou humoristes. Aussi, elle tente de pallier l’impact psychologique créé par les standards de beauté occidentaux.
En obtenant de nombreux concours de beauté, comme celui de Miss Pondicherry en 2020, San Rechal Michel offre une nouvelle vision sans égale à son peuple dans laquelle les codes et les normes semblant immuables sont brisés pour la liberté de tous et toutes.
Face à cette montée en puissance de l’affirmation de la beauté des peaux à mélanine à laquelle nous assistons depuis ces derniers temps, de nombreuses entreprises de cosmétiques vendant des produits de blanchiment de la peau se trouvent mises en difficultés. Pour illustrer ses propos, nous pouvons prendre l’exemple du Cameroun où le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie a interdit le 10 août 2022 la vente des produits de blanchiment de la peau.
Dans l’État sud-africain, Kwazulu-Natal a demandé à ses habitants de « rejeter toute forme de beauté coloniale ». De même, dans un contexte de fortes mobilisations contre le racisme et les violences policières aux États-Unis, l’entreprise américaine Johnson & Johnson a affirmé qu’elle ne commercialiserait plus de produits visant à éclaircir la peau. Quant à Unilever deux pétitions ont circulé pour arrêter la production de la gamme Fair and Lovely.
Plus encore, San Rechal Gandhi inspire les femmes et les filles à la peau foncée de tout le pays à boycotter ces produits dans le but d’échapper à ce système raciste à deux niveaux dans lesquels les personnes à la peau foncée ressentent que leur couleur pose un problème parce qu’ils font face à la discrimination et aux mauvais traitements.
Aujourd’hui, si tant de personnes meurent en utilisant ces produits dangereux, c’est parce que ce racisme internalisé véhicule des sentiments anti-noirs où pour nous sentir beau et digne nous devons être clairs de peau. Ce geste fort de rejet des normes de beauté eurocentriques diffuse un message très clair et puissant, aucune race ne devrait posséder le monopole de la beauté, de l’intelligence ou de la force. Car la beauté n’est pas dans les yeux du colonisateur européen, elle est à comprendre de manière plus globale, en dehors de cette lunette raciale. Nous représentons la Beauté, et ce, sans privilégier une norme idéale et universelle.
Ce texte invite à une célébration et à la valorisation de la beauté dans son ensemble et indépendamment de l’origine ethnique.
