Entretien avec le prodige du cinéma, Vibirson Gnanatheepan

Vibirson

Bonjour tout le monde et bienvenue dans cette interview exclusive. Aujourd’hui, nous avons l’honneur d’accueillir Vibirson Gnanatheepan, le prodige du cinéma. Notamment connu pour son œuvre récente Anushan, nous aurons l’opportunité de le découvrir à travers son vécu, la construction de sa carrière ainsi que son rapport au cinéma.

Le portrait de Vibirson Gnanatheepan

• Bonjour Vibirson, et bienvenue chez IAMDESI. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je me présente, Vibirson GNANATHEEPAN. Je suis né à Ivry-sur-Seine en banlieue parisienne et suis d’origine tamoule. Je travaille dans le cinéma français depuis 2014. J’exerce le métier de directeur de casting et j’ai récemment endossé la casquette d’auteur-réalisateur pour mon film « Anushan » que j’ai développé depuis 2018.

• Comment avez-vous eu l’envie d’embrasser ce métier ?

L’envie de raconter des histoires m’a toujours animé. À l’âge de 10 ans, ma tante avait gagné un caméscope dans un concours à Carrefour, et je m’en servais pour filmer mes cousins en les dirigeant selon une histoire que j’avais en tête.
Après mon baccalauréat scientifique, j’ai commencé des études d’informatique, un parcours classique qui convenait à mes parents. Très vite, j’ai senti que cela ne me plaisait pas. Mon envie de raconter des histoires a pris le dessus au point que je décide de poursuivre des études de cinéma.

• Avez-vous des sources d’inspirations ?

J’ai grandi en regardant des films tamouls du Sud de l’Inde. Le film Kannathil Muthamittal m’a profondément marqué. Mes parents sont tamouls du Sri Lanka et ont fui la guerre civile durant les années 90. C’était la première fois que je voyais à l’écran un film qui me rattachait à mes racines. Ma source d’inspiration, c’est aussi ma famille, mes amis, et les gens que je vois autour de moi.

Anushan, une œuvre cinématographique engagée

• Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser ce film ?

Dans la communauté tamoule, l’ancienne génération, celle qui est arrivée un peu après les années 90, s’est mise à faire des films autour des années 2000. Nos aînés ne parlaient pas très bien français, ils réalisaient des courts-métrages et les projetaient entre eux. J’allais les regarder. Je sentais qu’ils avaient besoin de raconter leurs histoires mais ces films étaient regardés seulement par les gens de notre communauté. Moi qui faisais des études en France, je voulais que mes camarades, mes profs, mes amis connaissent notre histoire. J’ai compris que je réaliserai un film sur les Tamouls et qu’il sera destiné à un public plus large, qu’importe ses origines.

• Qu’avez-vous voulu transmettre à travers ce film ?

L’importance de connaître son histoire, d’où l’on vient. Parfois, on pense que notre héritage culturel est un poids, mais on devrait le voir comme notre force. Notre identité à multiples facettes n’est que richesse.

• Était-ce un choix personnel de travailler avec une communauté franco-tamoul ? Si oui, pourquoi ?

Les comédiens étaient tous tamouls, puisque mes personnages l’étaient. J’ai travaillé avec des artistes tamouls indépendants d’Angleterre et du Canada car je les trouve très talentueux, mais ils sont souvent écoutés majoritairement par des Tamouls. Je voulais que des personnes non-tamouls découvrent leur travail, leur talent. En France, nous écoutons MHD, Soolking et pleins d’autres, qui mélangent le français avec leurs langues natales. Pourquoi le travail des Tamouls n’est vu et partagé que par nous- mêmes ? Aujourd’hui, je suis très content, car il y a un mois nous avons reçu le Grand Prix dans un festival présidé par Wasis Diop, un célèbre musicien sénégalais, qui m’a fait un éloge sur la musique de fin composée par Yanchan compositeur tamoul qui vit au Canada, et écrit et interprété par MC SAI, rappeur tamoul qui vit en Angleterre.

Le cinéma, au cœur des enjeux politiques

• Pourquoi était-il important de travailler avec une équipe franco-tamoul ?

Mon équipe technique n’était pas franco-tamoule. Seule, une femme tamoule a collaboré avec moi sur le film pour les choix liés à la culture tamoule.

Pour les prochains projets, j’aimerais avoir autour de moi plus de personnes franco-tamoul à différents postes et j’y crois. D’ici quelques années, d’autres franco-tamouls comprendront qu’il est possible de travailler dans ce milieu, peu importe le poste, comédiens, chefs opérateurs, scriptes, chefs machino, chefs déco…

• Nombreux théorisent l’idée selon laquelle le cinéma dans la communauté desi est une arme politique, qu’en pensez-vous ?

Le cinéma est une arme politique, selon le sujet que nous traitons, et cela pas seulement dans une communauté en particulier.

• Avez-vous conscience du message que vous transmettez auprès de la diaspora tamoule ?

Lorsque j’ai commencé à écrire Anushan, c’était simplement l’envie de laisser une trace de l’histoire de mes parents et de mes proches qui ont traversé cette guerre d’une manière ou d’une autre. Après que le film a rencontré son public, j’ai compris son impact. Parce qu’on touche à des éléments historiques et culturels, il est important pour moi de ne pas les déformer. Mon envie est de faire des films en étant le plus sincère et le plus juste possible.

Un futur qui s’annonce glorieux pour Vibirson Gnanatheepan

• Pensez-vous que vos prochains films garderont cette même ligne directrice ?

Peu importe le sujet que je vais traiter, je pense que ce sera forcément à travers le regard d’un franco-tamoul.

• Pouvez-vous nous parler de certains de vos futurs projets ?


Je suis directeur de casting ? donc je continue d’exercer ce métier. En parallèle, je continue toujours à écrire. Pour le moment, je suis au stade de la documentation et de la recherche de témoignages pour mon prochain projet. Ce sera probablement un film qui dépeindra la relation mère- fille au sein d’une famille tamoule.

Donnez une note à cet article :

Partagez l'article sur vos réseaux sociaux :