Vous avez sûrement eu l’occasion de goûter ce puissant élixir que l’on appelle le masala tea, chai ou encore masala chai. Non, je vous arrête, le « chai tea » est un non-sens car chai signifie le thé, quant au masala il renvoie au mélange d’épices.
Cette traditionnelle boisson indienne est au cœur d’une histoire à la fois riche et complexe. Marquée par des influences la fois culturelles, économiques et coloniales.
Tout au long de cet article, nous retracerons l’histoire de ce célèbre thé qui n’a eu de cesse de nous conquérir au fil des années.
Les Britanniques ne sont pas les précurseurs du thé indien
Dans un premier temps, il est nécessaire de déconstruire cette idée présente dans la pensée commune visant à assimiler l’apparition de la consommation de thé en Inde à la période coloniale.
En effet, le thé est une boisson ancienne remontant à plusieurs millénaires. Elle existerait donc bien avant l’invasion des Britanniques.
Ce qu’il faut savoir, c’est que la consommation de thé a débuté, il y a environ 5000 ans, avec les anciennes traditions ayurvédiques. Au cours desquelles de nombreuses épices et plantes médicinales étaient utilisées selon le principe de décoction pour leurs propriétés curatives et d’assainissement. Ce sont ces pratiques-là que nous pouvons entendre comme précurseurs du masala chai.
Le chai marqué par une nette influence anglaise
Toutefois, l’influence britannique sur la consommation de thé en Inde est indéniable. C’est à travers ce croisement que le thé fut introduit comme une boisson quotidienne. Et donc pendant la période coloniale, à savoir au XIXe siècle.
Cette popularisation n’est pas dûe au hasard et s’explique par une véritable stratégie politique. À savoir, la volonté de l’empire britannique de faire barrage à l’hégémonie chinoise concernant la production de thé. Dès lors, dans les régions du nord-est de l’Inde comme le Darjeeling ou l’Assam, des plantations de thé ont commencé à être cultivées par les peuples colonisés. Dans cette même visée, de nombreuses campagnes ont étés mises en place pour populariser cette consommation auprès de la population indienne.
C’est au cours du XXe siècle que ce breuvage tel qu’on le connaît aujourd’hui a vu le jour. Celui
qui résulte du mariage entre le thé noir, les épices (cardamome, cannelle, clous de girofle, gingembre, poivre), le lait et le sucre, voire du jaggery (sucre de canne non raffiné).
Plus encore, il est manifeste que ceux qui ont intensifié ce processus de démocratisation du chai sont les vendeurs de thé locaux.


Une diversification de la recette propre à tous
Ce qui fait aussi le charme de cette boisson, c’est son caractère unique, car il n’existe pas une seule recette du chai. Chaque région, chaque vendeur, chacun a sa propre recette en combinant de manière singulière les épices et les ingrédients ou alors en supprimant ou en rajoutant. Aussi, la technicité propre à tous a son rôle à jouer dans sa singularité.