Bangladesh : Répression sanglante et mobilisation des étudiants

Le Bangladesh traverse actuellement une crise sans précédent, marquée par des affrontements violents et des mesures de répression sévères imposées par le gouvernement de Sheikh Hasina. Ces événements font partie des plus meurtriers depuis que Mme Hasina est arrivée au pouvoir il y a quinze ans. Face à la montée des contestations, le gouvernement a pris des décisions drastiques pour tenter de rétablir l’ordre, exacerbant ainsi les tensions au sein du pays.

La Raison des Manifestations

La contestation a initialement été dirigée contre un système de quotas dans la fonction publique, qui attribue une part importante des postes aux enfants et petits-enfants des anciens combattants de l’indépendance. Ces anciens combattants se sont battus dans les années 1970 pour l’indépendance du Bangladesh face au pakistan.

Les étudiants, mécontents des politiques de recrutement perçues comme injustes, ont commencé à manifester pour exiger des réformes. Ils réclament une distribution plus équitable des opportunités d’emploi et la fin des discriminations basées sur ces quotas, qui favorisent certains groupes au détriment d’autres. Ce mécontentement face à la corruption et à l’iniquité a rapidement rallié de nombreux jeunes diplômés au mouvement, amplifiant la portée des manifestations.

Mesures de Répression

Pour contrôler la situation, le gouvernement de Sheikh Hasina a coupé l’accès à Internet, imposé un couvre-feu strict et déployé l’armée dans les rues. Ces mesures visent à limiter la coordination des manifestations et à réprimer les mouvements de contestation qui gagnent en intensité. Cette coupure de l’accès à Internet a non seulement restreint la liberté d’expression, mais a également paralysé une grande partie des communications et des activités économiques du pays.

Bilan des Victimes

Depuis le début des affrontements, on dénombre officiellement 260 morts, tandis que les opposants estiment que ce chiffre se rapproche de 1 000. Rien que ce dimanche dernier, au moins 50 décès ont été enregistrés, illustrant la brutalité de la répression contre les manifestants.

Mobilisation des Anciens Militaires

Un fait marquant de cette crise est le soutien croissant des anciens officiers militaires aux étudiants contestataires. Le général Ikbal Karim Bhuiyan, ancien chef de l’armée bangladaise, a exprimé son soutien au mouvement en changeant sa photo de profil sur Facebook, avec un fond rouge symbolisant son appui. Ce geste symbolique montre une fracture au sein des élites militaires et pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir politique du pays.

Chômage et Frustration des Jeunes

Avec environ 18 millions de jeunes Bangladais sans emploi, la frustration parmi les diplômés est palpable. Les jeunes, désillusionnés par le manque d’opportunités et par la corruption endémique, se sont massivement mobilisés contre le gouvernement. Nahid Islam, leader de la coalition Students Against Discrimination, a déclaré que “Sheikh Hasina ne devrait pas seulement démissionner, mais aussi comparaître devant un tribunal pour meurtres, pillage et corruption”. Cette déclaration reflète le sentiment de colère et de désespoir qui anime une grande partie de la jeunesse bangladaise.

Un tournant crucial

La crise actuelle au Bangladesh est un tournant crucial pour le pays. La répression violente des manifestations et les mesures draconiennes prises par le gouvernement de Sheikh Hasina ont non seulement attisé les tensions, mais ont aussi mis en lumière les profondes divisions au sein de la société bangladaise. La mobilisation des anciens militaires aux côtés des étudiants pourrait transformer la dynamique politique du pays. Il reste à voir comment cette situation évoluera, mais une chose est certaine : le Bangladesh est à un carrefour de son histoire.


Note pour les lecteurs : Cet article vise à fournir une analyse des événements récents au Bangladesh. Nous continuerons à suivre de près cette situation et à vous tenir informés des développements.


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