La violence a éclaté en Grande-Bretagne après que trois jeunes filles – Alice Dasilva Aguiar, neuf ans, Elsie Dot Stancombe, sept ans, et Bebe King, six ans – ont été poignardées à mort lors d’un camp de vacances à Southport. Des émeutes ont été déclenchées et on a, sans aucune surprise, pointé du doigt les minorités.
Violence à Southport : les minorités une fois de plus pointées du doigt
Tout a commencé lors d’une veillée dans une ville côtière britannique le 30 juillet. Alors que Southport pleurait le meurtre de trois jeunes filles, un site d’actualités lié à la Russie et le militant d’extrême droite Tommy Robinson ont diffusé des affirmations sur l’identité de l’attaquant. Ils ont prétendu que l’auteur des coups de couteau était musulman et était arrivé au Royaume-Uni l’année dernière sur un “petit bateau”.
Le lendemain, la police a révélé que l’attaquant était en réalité un jeune de 17 ans né au Pays de Galles de parents rwandais, sans lien connu avec l’Islam. Mais il était déjà trop tard. Des groupes en colère ont néanmoins détourné la veillée.
Escalade de la violence raciste et vandalisme
Les émeutiers, qui agitent des slogans hostiles, s’en prennent aux migrants, aux musulmans et aux Britanniques non blancs.
Des mosquées ont été vandalisées. Des émeutiers ont jeté des briques dans les maisons appartenant à des minorités ethniques et ont brisé les pare-brise de leurs voitures. Un supermarché syrien à Belfast a été incendié. Des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ont été encerclés par des foules en colère, dont certains membres ont proféré des menaces de mort ; un homme masqué a été filmé mimant un geste de gorge tranchée. Des graffitis racistes ont été tagués sur le Holiday Inn Express à Tamworth, indiquant peut-être l’ampleur des communautés en danger : « Nique les Paki », « Vermine », « Sortez d’Angleterre ».
L’éditeur en chef du Daily Telegraph a partagé une citation d’un habitant de Middlesbrough, où des émeutes ont éclaté dimanche :
« Ils criaient, ‘Il n’y a pas de noir dans l’Union Jack’ et brisaient les fenêtres au hasard, espérant que les maisons appartiennent à des familles immigrées. »
A t-il déclaré.
Le pays semble au bord de l’implosion. Les contre-manifestants se mobilisent et les affrontements avec la police se multiplient. Des centaines de personnes ont été arrêtées.
Des souvenirs hantants
Force est de constater que les scènes actuelles rappellent le racisme des années d’après-guerre, lorsque les immigrants du Commonwealth étaient attaqués. Dans les années 1970 et 1980, après le discours tristement célèbre d’Enoch Powell, intitulé « Les rivières de sang », les Sud-Asiatiques étaient pris pour cible, subissant des agressions physiques et verbales dans les rues d’où le terme « Paki-bashing ».
Les événements actuels ne cessent de rappeler les échos douloureux de cet épisode. D’autres se rappellent l’ambiance en Grande-Bretagne après les attentats du 11 septembre 2001, lorsque les musulmans britanniques ont été collectivement blâmés et abusés.
Ces incidents montrent une fois de plus que le Royaume-Uni peine à reconnaître et à traiter la violence croissante contre les minorités. Pour les Sud-Asiatiques britanniques, ce cycle de haine et de désinformation est épuisant. Ils sont confrontés à un climat de suspicion et de division alimenté par des discours d’extrême droite et amplifié par les médias et les réseaux sociaux.
Alors que le Premier ministre Keir Starmer fait face à un immense défi à peine un mois après sa prise de fonction, peu de Britanniques noirs ou bruns, ou issus de communautés migrantes, se sentent en sécurité. De nouvelles émeutes d’extrême droite sont attendues dans les régions abritant d’importantes populations minoritaires.
Mobilisation et réponse anti-racisme à travers le Royaume-Uni
Des milliers de manifestants anti-racisme ont envahi les rues des grandes villes britanniques telles que Londres, Liverpool et Birmingham, appelant à une meilleure protection des droits des immigrants et des réfugiés, en réponse aux récentes émeutes organisées par des groupes d’extrême droite.
La police métropolitaine a déployé des milliers d’officiers dans la capitale britannique pour assurer la sécurité, et environ 1 300 forces spécialisées étaient en alerte en cas de troubles majeurs à Londres.