La cérémonie d’ouverture du pont le plus long du Bangladesh a été inaugurée par la Première ministre Sheikh Hasina. Une telle construction a fait l’objet de contraintes tumultueuses tant au niveau national qu’international. Conflits politiques, allégations de corruption, coûts élevés ayant entraîné près de huit ans de retard.
Un projet ambitieux digne de ce nom
Présenté comme le joyau de la couronne gouvernementale, ce pont se frayant un chemin au travers de la turbulente rivière Padma démontre la détermination, la resilience et le courage de l’administration. Tout cela face aux pressions internationales et aux diverses critiques nationales.
La construction de ce pont de six kilomètres, entreprise pas une enseigne chinoise en 2015 a pour but de relier le sud ouest du pays à la capitale. Elle présente un coût de 3,86 milliards de dollars.
L’un des plus grands projets du Bangladesh, bien que grande réussite pour le pays, a fait l’objet de nombreux scandales retardant grandement sa finalisation.
En effet la totalité du montant fut financée par le gouvernement du pays et ce après le retrait de Banque mondiale et d’autres organismes de prêt internationaux. Ce retrait a eu lieu en raison d’un scandale de corruption impliquant une entreprise de construction canadienne liée au pont.
La firme canadienne d’ingénierie SNC-Lavalin a été accusée d’avoir soudoyé les responsables du projet. Elle a ainsi été interdite de soumissionner pour les projets de la Banque mondiale pendant dix ans. Au Canada, les procureurs ont fini par refuser de porter des accusations de corruption contre les dirigeants d’entreprises après qu’un tribunal a jugé que certaines preuves d’écoute électronique contre eux étaient irrecevables.
Un projet totalement financé par le Bangladesh
Après de tels évènements digne d’une télénovela, Sheikh Hasina a déclaré que son gouvernement financerait lui-même le projet. Cette decision s’est heurtée à une vague de scepticisme de la part de plusieurs économistes du pays ainsi que certains opposants politiques. Le Bangladesh n’avait jamais construit de telles infrastructures sans aide financière importante provenant de multiples bailleurs de fonds.
Hasina a pris la parole après les scandales dès la cérémonie d’ouverture du pont de Padma et a déclaré :
La construction du pont Padma : un tournant historique majeur
Brisant les stéréotypes classiques, nous pouvons constater que la construction de ce pont fut une étape importante pour le Bangladesh. Ce dernier, brise à jamais l’image d’un pays dépendant d’aide extérieure.
Dimensions nationale et internationale
Ainsi, cette construction comprend également une dimension politique. Avec des élections nationales prévues l’année prochaine, la construction du pont est considérée par les experts politiques comme l’accomplissement le plus important du gouvernement de la Ligue Awami (AL). Ce dernier a été dirigé par Hasina au cours de ses trois mandats consécutifs sur plus de dix ans.
Le pont permettra d’accéder directement à la région du sud-ouest du pays. Celle-ci étant une source majeure de soutien politique du parti, et réduira considérablement le temps de déplacement.
Ce pont a également une dimension internationale :
En effet, il a été construit par l’entreprise publique China Major Bridge Engineering Company, Ltd. Il est considéré par Pékin comme une étape importante dans la coopération entre la Chine et le Bangladesh.
Un aspect économique, social et technologique majeur
Au delà de ces aspects politiques le pont représente une avancée économique, sociale et technologique majeure :
En effet, le pont contribuerait à la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Bangladesh. Celui ci augmenterait l’emploi, l’activité du secteur des services et le tourisme. Selon les experts, cette construction, ayant impliquée plus de 4000 ingénieurs, dont un tiers d’ingénieurs bangladais, est une réalisation technique majeure.
PIB et taux de croissance du Bangladesh de 2000 à 2024 / Source : FMI.
Un record mondial
Les piliers sous-marins du pont s’étendent sur 122 mètres de profondeur nécessitant 41 piliers de soutien. À certains points de la rivière, le débit d’eau se tient au rang de deuxième position mondiale après l’Amazone.
Rappelant par cette même occasion la portée ambitieuse et innovatrice du projet initial.
C’est au sens de sa renommée en « pont unissant les cultures » que le haut-commissaire de l’Inde au Bangladesh Vikram Kumar Doraiswami a salué ce développement infrastructurel. De ce fait, il a qualifié ce pont de lien entre les personnes et la culture et pas seulement une route vers le business.
Le Bangladesh va t-il continuer à nous surprendre avec d’autres avancées architecturales de la sorte ?