Narendra Modi a décroché un troisième mandat en tant que Premier ministre de l’Inde, mais cette victoire est moins éclatante qu’attendue. Alors que le BJP reste le parti dominant, il n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue, marquant une élection générale plus serrée que prévu.
Le BJP a remporté 240 sièges, loin des 272 nécessaires pour une majorité, mais ses alliés ont compensé cette lacune avec des sièges supplémentaires. Cependant, la plus grande déception a été l’Uttar Pradesh, un État clé pour la politique nationale.
Un Coup Dur pour Modi
Modi, qui a toujours obtenu des majorités lors des élections précédentes, a dû faire face à un coup dur. Plus de 640 millions de personnes ont voté lors de cette élection de sept semaines, saluée comme un “record mondial”. Pourtant, de nombreux leaders mondiaux ont connu des difficultés lors de leur troisième mandat, et Modi ne fait pas exception.
Le BJP reste le plus grand parti en termes de sièges, mais la perte de 63 sièges ternit l’éclat de ce troisième mandat, surtout après une campagne qui visait les 400 sièges de coalition. Cette contre-performance a suscité de la joie chez le Parti du Congrès et du désespoir parmi les membres du BJP. Les attentes élevées ont laissé de nombreux partisans de Modi déçus.
Les Raisons du Succès et des Difficultés
Les partisans de Modi attribuent sa réélection à plusieurs facteurs : une gouvernance stable, l’attrait de la continuité, des programmes sociaux efficaces et une perception améliorée de l’Inde sur la scène mondiale. Pour sa base nationaliste hindoue, Modi a respecté des promesses clés telles que la révocation de l’autonomie du Cachemire, la construction du temple Ram à Ayodhya et la mise en œuvre de la loi sur la citoyenneté. De nombreux États gouvernés par le BJP ont renforcé les réglementations sur les mariages interreligieux.
Cependant, la baisse des sièges du BJP peut être attribuée au chômage, à la hausse des prix, à l’inégalité croissante et à une réforme controversée du recrutement militaire. La campagne divisive de Modi aurait également pu aliéner certains électeurs.
Retour à la Politique de Coalition
L’Inde a une longue histoire de gouvernements de coalition, parfois chaotiques mais souvent réformateurs. Si le BJP forme le gouvernement, il devra dépendre de ses alliés et adopter une approche plus consultative. Cette dépendance le rend vulnérable à un effondrement si les alliés se sentent négligés. Le BJP, autrefois tout-puissant, dépend désormais de ses alliés, contrairement aux élections de 2014 et 2019.
Une Nouvelle Dynamique Politique
Le règne continu de Modi a souligné l’essor d’un système politique dominé par un seul parti. Cependant, cette élection a ramené l’Inde à une politique plus “normale”, avec une diversité de partis partageant et disputant le pouvoir.
Les résultats ont également revitalisé l’opposition menée par le Congrès. En février 2024, la coalition INDIA (Indian National Developmental Inclusive Alliance) a connu des turbulences, mais sous la direction de Rahul Gandhi, elle a mené une campagne dynamique, réduisant l’écart avec le BJP.
Les Défis d’un Troisième Mandat
Un troisième mandat pour Modi signifie de nouveaux défis. L’économie indienne est en croissance, mais les inégalités le sont aussi. Pour améliorer la situation, il faut augmenter les investissements privés et la consommation, et créer plus d’emplois pour que les classes pauvres et moyennes aient plus d’argent à dépenser.
Les jeunes électeurs, en particulier, pourraient se tourner vers d’autres partis que le BJP en raison de leurs ambitions et frustrations. Modi a également été critiqué pour marginaliser les musulmans et réprimer la dissidence, avec des figures de l’opposition emprisonnées sur des accusations controversées.
Les troisièmes mandats sont souvent tumultueux pour les leaders mondiaux, et Modi pourrait ne pas faire exception. L’avenir de son gouvernement dépendra de sa capacité à naviguer ces eaux troubles tout en répondant aux besoins croissants de la population indienne.
