L’Ourdou : Une Langue Riche en Histoire et en Culture

L’Asie du Sud possède une richesse linguistique profonde, avec des langues variées comme l’ourdou, le hindi, le tamoul, le farsi et le bengali qui ont toutes contribué à son histoire. Parmi celles-ci, on va se pencher particulièrement sur l’ourdou.

L’ourdou, souvent associée au Pakistan, est également parlée en Inde et minoritairement au Bangladesh et au Népal. Avec plus de 230 millions de locuteurs dans le monde, elle se classe au dixième rang des langues les plus parlées.

Pourquoi l’Ourdou ?

Le Pakistan compte environ 73 dialectes et langues. Alors, pourquoi l’ourdou a-t-elle été choisie comme langue nationale ? L’ourdou s’est développée entre le VIe et le XIIIe siècle, devenant une langue commune en Inde et au Pakistan modernes. Connue pour sa littérature et sa poésie, l’ourdou a aussi été la langue administrative de l’Inde britannique dès 1837. Le mot « ourdou » est une abréviation de l’expression zabān-e urdu-e mu’alla, qui signifie «langue des camps royaux » ou aussi « des camps glorieux ».

Pendant une longue période, l’ourdou n’avait pas de nom spécifique et était désigné par différents termes selon sa diffusion géographique et les influences des marchands et prédicateurs. On parlait de hindvī (langue des hindous), gujrī (langue du Gujarat) ou dakhinī (langue du Deccan). Dans la région de Delhi, on utilisait le terme rekhta, signifiant « langue mêlée ». Ce n’est qu’au XIXe siècle que le terme « ourdou » a commencé à être utilisé.

Une Langue de Communication

L’ourdou n’est pas la langue maternelle de la majorité des Pakistanais. En 2006, seulement 7,57 % de la population pakistanaise la parlait en première langue. Les dialectes régionaux sont souvent préférés comme langues maternelles, mais l’ourdou sert de langue de communication commune, facilitant la communication entre des régions différentes. Par exemple, une personne à Lahore pourrait avoir du mal à parler son dialecte avec quelqu’un à Quetta, mais grâce à l’ourdou, ils peuvent se comprendre.

Intercompréhension avec l’Hindi

L’ourdou est mutuellement intelligible avec l’hindi. Cela signifie que les locuteurs de ces deux langues peuvent se comprendre, Les deux langues partagent un unique et même système grammatical et la plupart de leur vocabulaire. malgré des systèmes d’écriture différents : l’ourdou utilise le script Nastaliq, tandis que l’hindi utilise le Devanagari. Cette intercompréhension a facilité son adoption dans la région, rendant les interactions culturelles et commerciales plus fluides.

Histoire Moderne et Politique

L’ourdou est devenue langue nationale du Pakistan en 1948, un an après l’indépendance (avant 1947 on appelait hindoustani le hindi et l’ourdou, qui ne constituaient qu’une seule langue). Cette décision visait à ne favoriser aucun groupe ethnique particulier, comme l’a souhaité le fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah. Le bengali, parlé par 56 % de la population à l’époque, était également considéré, mais c’est finalement l’ourdou qui a été choisie en raison de son rôle dans le mouvement pour l’indépendance.

Cependant, l’anglais joue également un rôle au Pakistan. Hérité de l’ère coloniale britannique, l’anglais reste une langue d’État et est largement utilisé dans les affaires, l’éducation et le gouvernement. Beaucoup de Pakistanais, surtout dans les classes urbaines et éduquées, maîtrisent l’anglais, ce qui leur donne un avantage sur la scène internationale.

Anecdotes du British Empire

Le rôle de l’ourdou pendant la période coloniale britannique est fascinant. Lorsque les Britanniques ont pris le contrôle de l’Inde, ils ont adopté l’ourdou comme langue administrative en 1837. À cette époque, les linguistes britanniques se référaient souvent à cette langue comme le “dialecte des Maures”. Les officiers britanniques étaient formés à la fois en ourdou et en anglais pour mieux comprendre et administrer la société indienne.

Le choix de l’ourdou par les Britanniques n’était pas accidentel. Les Mughals, alors au pouvoir, étaient fascinés par l’ourdou et l’utilisaient largement dans la littérature et la poésie. Malgré la prédominance du persan sous les Mughals, l’ourdou s’est imposée grâce à son accessibilité et son attrait littéraire. Les Britanniques ont donc continué cette tradition, ce qui a contribué à la popularité de l’ourdou.

Une Langue Multiculturelle

L’ourdou transcende les affiliations religieuses et culturelles. Bien qu’elle ait des racines dans le persan et l’arabe, l’ourdou s’est développée à travers un mélange des cultures hindoues et musulmanes. Elle a été adoptée par les classes supérieures indiennes pour sa capacité à toucher un large public. Ce mélange culturel est particulièrement visible dans la poésie et la littérature ourdoue, où l’influence des différentes langues et traditions est évidente.

Une Langue Enrichie par d’Autres Langues

Au-delà de ses racines, l’ourdou moderne au Pakistan a été influencée par plusieurs langues locales telles que le pachto, le pendjabi, le sindhi, le balti et même le bengali. Cette influence continue enrichit le vocabulaire et la syntaxe de l’ourdou, rendant la langue encore plus dynamique et vivante.

Une Langue au Cœur de la Culture Populaire

L’ourdou joue un rôle central dans la culture populaire pakistanaise. Des chansons de Bollywood aux séries télévisées, en passant par la poésie contemporaine, l’ourdou est omniprésente. Elle est également une langue clé dans l’industrie du cinéma en Inde et au Pakistan, avec de nombreux films produits chaque année dans cette langue.

L’ourdou est une langue qui incarne la diversité et la complexité culturelle de l’Asie du Sud. Elle a prospéré grâce à sa richesse littéraire et son rôle de pont entre différentes communautés. Aujourd’hui, elle reste une langue clé pour comprendre l’histoire et la culture de cette région, tout en continuant d’évoluer et de s’enrichir au fil du temps. Le rôle de l’anglais comme langue d’État ajoute une dimension supplémentaire, offrant aux Pakistanais une connexion avec le reste du monde et renforçant leur position sur la scène internationale. Les anecdotes de l’époque coloniale britannique soulignent l’importance historique de l’ourdou et son influence durable sur la région.

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