De nombreux articles nous informent que la situation des femmes au Pakistan est très délicate aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui nous indiquent que toutes les femmes vivent sous l’oppression patriarcale dans ce pays. Rares sont ceux qui veulent se détacher des clichés. Rares sont également ceux qui nous indiquent des éléments concrets sur l’évolution de la condition des femmes qui reste tout de même remarquable. C’est dans ce but que cet article a été écrit.
Entre clichés, optimisme et réalité
En vérité, la société pakistanaise n’est pas épuisée par l’extrémisme religieux et la violence qui font les titres des journaux. Il paraît ainsi essentiel de souligner le fait que ce pays n’échappe pas aux phénomènes sociaux qu’on constate à l’échelle mondiale. La violence, l’extrémisme, les inégalités, ces phénomènes ne sont pas présents et concentrés dans un seul et unique pays, mais sont bel et bien universels. Nous pouvons les retrouver au Pakistan comme aux États Unis.
A cet égard, il n’est inutile d’indiquer que l’une des caractéristiques de l’évolution sociale est qu’on la vit plus qu’on ne la voit. C’est ainsi que la réalité sur le terrain rattrape certaines analyses très restrictives et abstraites, réduisant le Pakistan à certains faits divers voire à des clichés récurrents.
Ceci est loin d’être une glorification du Pakistan, mais plutôt une analyse destinée à vous permettre de voir les choses d’un autre angle. Un angle plus optimiste et encourageant.
Il ne s’agit pas non plus de nier certaines vérités mais plutôt d’en exposer certaines d’autres.
Une progression remarquable
Le Pakistan n’est pas en reste quant à la montée des femmes. C’est ainsi que Hidayat Hussain, coordinateur du Centre des sciences de Karachi, nous introduit son étude liée à la progression de l’éducation et de l’emploi féminin au sein de ce pays.
En effet, le Pakistan a montré une nette amélioration depuis 2006 en ce qui concerne l’alphabétisation et le niveau d’instruction des femmes. Un exemple de ces progrès réalisés en 2010 s’est traduit par la mise en place d’une loi, disposant que l’enseignement primaire soit un droit légal pour les enfants de cinq à seize ans.
La disparité entre les sexes dans les inscriptions au niveau secondaire était de 0,4 en 1990-91 et de 0,67 en 1999-2000. Autrement dit la disparité a diminué de 67,5% au cours de la décennie. Au niveau collégial, elle était de 0,50 en 1990-1991 et de 0,81 en 1999-2000. Ce qui montre que l’écart a diminué de 64%. La disparité entre les sexes a diminué de manière relativement rapide à l’école secondaire.
La réussite scolaire des filles
Il est à noter qu’au Pakistan, les filles réussissent mieux leur scolarité que les garçons. Cela est indiqué par les chiffres du Bureau des statistiques du Pakistan. Ces derniers ont mis en lumière des taux de réussite très élevés des filles dans l’enseignement secondaire. De plus, ces études montrent une nette croissance du nombre d’enseignantes tant dans les filières primaires et secondaire que dans les collèges professionnels. Sans parler, bien entendu, du fait qu’elles sont désormais majoritaires dans les écoles de médecine.
Quelques exemples tirés de l’étude de Hidayat Hussain :
- Dans le groupe scientifique « Science group » des mêmes examens sur les 727 686 reçus 248 590 (34.1 %) étaient des filles ;
- Aux examens de la Classe XII (équivalent du Bac) groupe « Arts » : 344 431 reçus dont 190 676 filles (55.3 %) ;
- Dans le groupe scientifique des mêmes examens : 214 535 reçus dont 81 069 filles (37.7%);
- Dans les écoles de médecine sur tout le territoire, le nombre total des inscrits s’élève à 21 837 dont 12 195 filles (58.8 %) ;
- La montée en puissance des femmes dans les métiers de l’éducation IVe « District central » de Karachi, arrondissement de presque 2 millions d’habitants appartenant en grande partie aux diverses classes moyennes, détient la proportion la plus élevée de femmes dans le corps enseignant, dans le primaire et le secondaire : 78,3 % (21 294 sur 27 181).
L’accès à l’emploi
Les emplois au sein desquels les femmes pakistanaises ont réussi à s’affirmer sont ceux traditionnellement considérés comme “adaptés” à leurs profils. Autrement dit, ce sont les emplois liés à la médecine, l’éducation et les métiers juridiques. Ceux ci sont regardés par la société comme étant des emplois prestigieux à l’image des femmes.
Une fois admises dans ces emplois, les femmes ont réussi à se rendre indispensables. Ainsi, elles ont très rapidement gravi les échelons occupant de ce fait les positions les plus élevées du pays. A titre d’exemple nous pouvons citer Ayesha Malik devenue récemment juge à la Cour suprême pakistanaise. (Retrouvez notre article sur sa nomination historique : https://iamdesi.fr/evenement/ayesha-malik-nomination-historique/)
Les difficultés rencontrées
Contrairement à certaines idées reçues, les obstacles auxquels les femmes font face au travail ne sont pas d’abord et uniquement liés à la famille ou aux contraintes sociales. Les vrais obstacles sont les suivants :
- Tout d’abord, les difficultés de transport dans les zones urbaines. Les bus ont des compartiments séparés pour hommes et femmes et ce dernier est très réduit.
- Ensuite, la mobilité professionnelle interurbaine est difficile voire impossible pour les femmes en raison de la rareté des hébergements sécurisés et séparés ;
- Enfin, les conditions précaires d’emploi dans les secteurs tel que le textile : travail à façon, travail intérimaire, manque de couverture sociale.
Exemple d’une célèbre ancienne élève du Pakistan
Nargis Mavalvala
Nergis Mavalvala est une astrophysicienne pakistanaise-américaine connue pour son rôle dans la première observation des ondes gravitationnelles . Elle a reçu la première récompense de technologie de Lahore de l’Université de technologie de l’ information en 2017. Mavalvala est surtout connue pour son travail sur la détection des ondes gravitationnelles. Ce travail a été réalisé dans le Projet de l’Observatoire des ondes gravitationnelles de l’interféromètre laser (LIGO).