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Le Body-Shaming dans l’industrie cinématographique

body shaming

« Tu es vraiment devenu aussi grosse ou tu es juste enceinte ? », « Mon Dieu, pourquoi tes fesses sont si grosses ? », « Tu es si belle mais tu deviens de plus en plus grosse, perds du poids ! », « Pourquoi est-elle si maigre ? Qu’est ce qui ne va pas chez elle ? ».

Ces mots semblent irréels non ? Et pour autant, c’est bel et bien ce qui aété tweeté respectivement, à Neha Dhupia, Ileana D’cruz, Vidya balan, Deepika Padukone et Anushka Sharma. Ces quelques exemples illustrent parfaitement le sujet qui suit, à savoir le body shaming au sein de l’industrie cinématographique indienne.

Qu’est ce que le Body-Shaming

Avant de poursuivre l’exposé de cet article, il est primordial de définir ce terme peu connu du public. Cette définition a pour but la bonne compréhension du message caché derrière ce récit.

Le body shaming, la “honte du corps” en français, est l’expression qui définit le langage humiliant utilisé pour se moquer, dénigrer une personne en raison de son corps, de son apparence physique. Ces injures peuvent être proférées de manière frontale ou à travers les réseaux sociaux. Ce qui semblent octroyer le droit aux jugements sous couverture de l’anonymat. Dans cette même lignée, d’autres expressions ont vu le jour comme le fat shaming, l’humiliation des personnes jugées trop grosses, ou encore le skinny shaming, l’humiliation des personnes jugées trop maigres. Le chemin semble encore long pour éradiquer ces odieux phénomènes mais le fait de poser des mots clairs sur ce fléau permet de libérer la parole et donc, de faire évoluer la situation.

L’exemple précis d’Aishwarya Rai Bachchan, reine de beauté cible des détracteurs

Nous allons ici nous focaliser sur le cas précis dAishwarya Rai Bachchan. Cependant, il me semble indispensable de préciser qu’elle est loin d’être la seule victime de ce problème sociétaire. D’autres actrices comme Sonakshi Sinha ont été visées par des propos injurieux concernant leur apparence.

« Depuis des années, j’ai été harcelée à cause de mon poids mais je n’ai jamais ressenti le besoin de réagir

a confié l’actrice de Dabangg

Aishwarya rai Bachchan s’est, dès son plus jeune âge, faite remarquée par son incroyable beauté. Elle entame rapidement une carrière de mannequin jusqu’à sa consécration, en 1994, l’année de son couronnement au titre de Miss Monde. Chacune de ses apparitions, cinématographiques, publicitaires ou lors d’évènements, est toujours admirée. Dans un monde d’image et de paraitre, les médias et le public ne cessent d’acclamer son physique avantageux.

En dépit de ces faits, elle est aujourd’hui en 2024, la célébrité indienne la plus en proie au body shaming.

En 2007, elle épouse le très célèbre Abhishek bachchan et annonce sa grossesse en 2011. Elle réapparaitra, suite à ça, sur nos écrans en 2015 dans le film Jazbaa. Le public a alors découvert une Aishwarya à la silhouette naturellement changée étant donné sa maternité. C’est alors que son harcèlement, notamment à travers les réseaux sociaux, a débuté.

Voilà ici un phénomène auquel beaucoup de jeunes mamans doivent faire face : supporter la brutalité des personnes qui ne semblent pas comprendre certains processus naturels de la vie. Le taux de haine est d’autant plus important quand il s’agit d’une personnalité publique. L’actrice, qui semblent aborder la situation avec beaucoup de sérénité, a eu l’occasion de s’exprimer sur le sujet à plusieurs reprises. Dans une interview accordée au journaliste anglais David Frost, elle a répondu à quelques questions à propos du bodyshaming :

« Tout a pris une tournure naturelle dans mon cas, en termes de prise de poids, de rétention d’eau et de tout ce qui suit. J’étais à l’aise avec cela et c’est pourquoi j’ai été qui j’ai été. Je suis sortie en public alors que je pouvais prendre du temps avec mon bébé. Si je pensais que c’était grave, je me serais cachée. »

Et concernant la vague de haine reçue elle ajoute :

« Cela ne m’a pas dérangé. Si les gens l’étaient, j’espère qu’ils ont apprécié tout le drama. Pour ma part, j’étais occupée à mener une vie réelle avec mon enfant. Je pense que la chose la plus positive pour moi a été de voir autant de femmes venir me voir et me dire « Merci, vous avez su redonner confiance à beaucoup d’entre nous ». Je n’avais pas pour mission de prouver quoi que ce soit. J ‘étais juste vraie. »

Son mari Abhishek, a souhaité défendre son épouse publiquement :

« Oui, c’est une personnalité publique mais les gens oublient qu’elle est aussi une femme et maintenant une mère et qu’il y a une limite à ne pas franchir. Je ne parlerais jamais ainsi d’aucune femme et je ne tolère évidemment pas que l’on parle d’Aishwarya ainsi. »

L’une des dernières apparitions publiques en date de l’ex Miss Monde fut au défilé à Paris organisé par le groupe L’Oréal Paris. Le thème abordé lors de l’événement « Walk your worth » était la célébration de la femme, de son potentiel qui qu’elle soit et de sa beauté sans complexe. L’actrice indienne a su briller de mille feux et défiler avec fierté sur l’esplanade de la Tour Eiffel.

Aishwarya Rai défile sur le podium lors du défilé L’Oreal Paris pendant la Fashion Week de Paris / AP, Reuters.

Elle possédait la scène dans une robe dorée recouverte de paillettes et de perles, digne d’un conte de fée. Et pour autant, malgré le beau message véhiculé au cours de la soirée et malgré l’ère de la libération de la femme, une part du public n’a pas su être tendre avec Aishwarya. « Elle doit perdre du poids », « Pourquoi ne s’occupe- t-elle pas de sa prise de poids ? », « Les autres actrices de son âge ont l’air mieux car elles se préoccupent de leur poids ». Autant de messages postés sur twitter qui prouvent que la bêtise humaine n’a pas fini d’exister.

Le cinéma indien en parle

Dans beaucoup de films sur la plateforme internationale, les critères de beautés sont les mêmes. On retrouvera très souvent en tête d’affiches des actrices à la silhouette parfaite, au ventre plat, aux traits fins. Il en va de même pour les acteurs. Pour autant, ces critères ne sont pas représentatifs de notre société. Pourquoi vouloir imposer des limites à la beauté quand la nature ne le fait pas ?


De nos jours, les mœurs étant en plein changement, le cinéma l’est aussi. Aujourd’hui nombreux sont les longs métrages qui dénoncent ces inégalités et exposent clairement la notion de body shaming. En voici quelques exemples :

Dum Laga Ke Haisha :


Il s’agit là du premier film de Bhumi Pednekar qui incarne à la perfection le personnage de Sandhya Tiwari. Le mari de cette dernière, Prem Tiwari, éprouve du dégout envers elle à cause de son surpoids et parce qu’elle ne correspond pas à son idéale féminin. Il ne cesse de la rabaisser et de lui faire des remarques désobligeantes sur son physique. Cependant Sandhya ne laissera pas toute cette négativité prendre le dessus sur sa vie.

Double XL :


Le film met en vedette Sonakshi Sinha, une créatrice de mode dans le film, et Huma Qureshi, une présentatrice de sports. Les deux femmes, aux formes généreuses, font face à une société à qui la question de surpoids semble poser problème. Elles vont réussir de belles choses et briser le mythe selon lequel la beauté et le talent correspondent à la taille de vêtements.

Images tirés de films dénonçant le Body Shaming / diva.com

Bala :


Le film est basé sur la positivité corporelle, l’acceptation de soi pour tout hommes et toute femmes. Il met en scène principalement Bala, incarné par Ayushmann Khurrana, qui souffre d’un grand manque de confiance en lui et d’une forme de pression de la société à cause de sa calvitie. Ce chef d’œuvre nous rappelle que le body shaming ne touche pas seulement les femmes et pas seulement la corpulence de l’être mais il touche aussi les hommes et peut viser un large spectre de caractéristiques physiques.

Plus généralement, en 2024, il est de notre devoir de bannir cette malheureuse pratique trop répandue et banalisée. Il faut penser à l’impact psychologique que peuvent avoir ces insultes sur la victime, les blessures peuvent parfois ne jamais guérir.

Enfin, tout être humain, qu’il soit célèbre ou non, possède sa propre beauté intérieure et extérieure. Chaque auteur d’harcèlement doit se remettre en question et ne pas essayer d’estomper ses propres mal-êtres en critiquant ce qu’il voit chez les autres.
La diversité des critères physiques, la taille, la couleur de peau, la corpulence etc …participe à la richesse de notre genre humain et nul n’a le droit de porter un jugement sur l’apparence d’autrui.

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