Le BHARATANATHYAM

Donnons-nous rendez-vous au Tamil Nadu car on va parler du Bharatanatyam !

Point Culture :

Considérée comme la forme de danse traditionnelle la plus ancienne d’Inde, le Bharatanathyam mélange forme classique et art martial.

Cet art est apparu dans le Sud de l’Inde, plus précisément dans l’état du Tamil Nadu. Dès lors, elle a été liée aux pratiques religieuses de la région.

En effet, il a plus de deux mille ans, les Devadâsis pratiquaient le Bharatanathyam, des danseuses professionnelles qui dévouaient leur art aux divinités Shiva ou Vishnu dans les temples hindous. Les devadâsis pouvaient aussi être des hommes, on les appelait : Nattuvanars.


De nos jours, cette danse garde toujours sa dimension religieuse même si elle se pratique
beaucoup moins dans les temples.
De plus, le Bharatanatyam fait partie des danses les plus appréciées et pratiquées d’Inde. En effet, cet art qui a traversé les siècles, compte de nombreuses écoles ainsi que de nombreux artistes maintenant reconnus dans le monde entier pour leur talent. Nous pouvons citer Rukmini Devi Arundale, danseuse légendaire qui a crée en 1936, la Fondation Kalakshetra pour la sauvegarde du Bharatanathyam. Mais aussi, le danseur mondialement connu Raghunath Manet.

Par ailleurs, lors de la période coloniale, le Bharanatyam avait été interdit à la pratique dans tous les temples.

Il est important de comprendre le contexte, les colons anglais considéraient toutes formes d’art corporel comme une dépravation et un art inutile. À titre d’exemple, certains considéraient les danseuses des temples comme des prostituées.
C’est assez intéressant de voir à quel point sous la domination anglaise, la culture et les arts
indiens pouvaient être dénigrés et dévalorisés. Ils disaient vouloir « éduquer et faire progresser » le peuple indien.

Comprendre ce qu’est le BHARATANATHYAM

D’autre part, linguistiquement, le mot « bharatanathyam » est composé de trois syllabes faisant référence à trois mots tamouls : « bavam » signifiant expression du visage, « ragam » traduit par musique et rythme et enfin, « thalam » évoquant les gestes formés par les mains ; ce sont les mudras.

Concernant la danse, il est important de savoir que le Bharatanatyam est une danse très codifiée, la rendant précise et complexe.
Elle est constituée de deux formes :

  • La forme abstraite : le Nritta. La danse sera davantage codifiée et esthétique.
  • La forme narrative : le Nätya. La danse se fait alors avec les mains (mudras), mais aussi avec les expressions du visage pour dessiner leurs émotions.

Sur scène, rien n’est laissé au hasard. Partant de ce fait, il s’agit d’une danse qui possède six tableaux, exécutés dans un ordre précis.
D’abord, la danseuse entre sur scène alors que les musiciens sont situés de part et d’autre. Une statue de Shiva est également présente. La danseuse salue en premier lieu la divinité, puis la scène, les musiciens et enfin, le public.
C’est alors que le spectacle commence.

(SOURCE PHOTO : https://venkatphotography.com/aishu-arangetram-prints/h4DD57D87 )

D’abord, l’Alarippu : l’invocation et les hommages à Dieu, les Jatis et le Sabdam correspondant au côté narratif de la danse, le Varanam, une seconde partie invoquant Dieu. Puis s’en suit, le Tillana et enfin, le Mangalam, une partie louangeant Dieu pour clôturer la danse. En somme, c’est ainsi que se suivent les différents tableaux de la danse.
À travers ses expressions faciales et sa danse, la danseuse conte les légendes spirituelles et historiques hindous ainsi que les épopées de la culture tamoul.
Enfin, chaque nouveau mouvement de la chorégraphie introduit un personnage de l’histoire.
Le Bharatanathyam est une danse difficile à exécuter et à maitriser nécessitant de longues années d’apprentissage, c’est pourquoi, il s’agit d’une réelle œuvre d’art visuelle.
Etant la danse la plus populaire d’Inde, elle est enseignée partout dans le pays et les
différentes communautés expatriées indiennes continuent d’en répandre les gestes.

Concernant la tenue :


Par ailleurs, les jeunes danseuses doivent porter un costume qui vient magnifier leurs mouvements.
Les femmes portent une blouse à manche courte, un pantalon ou une jupe et un « pallu », une sorte de drapé qu’elles entourent autour de la taille et de la poitrine.
Sans oublier les couleurs chatoyantes, les broderies fines et dorées ainsi que leur matière : la soie, les costumes sont absolument magnifiques. Les bijoux et les fleurs dans les cheveux viennent aussi apporter une touche élégante à la tenue.
Enfin, le maquillage a une place très importante comme pour le Kathak. En effet, le maquillage que les danseuses portent est assez prononcé au niveau de la bouche et des yeux et vient exagérer les expressions du visage si importantes dans cette danse.

Quelques références :
http://www.bharatanatyam.com.au/bharatanatyam-costume
https://www.shutterstock.com/fr/search/bharatanatyam+poses

Et la musique alors ?


Les instruments utilisés lors des représentations sont principalement des percussions notamment des petites cymbales (les talams) ou encore, des tambours (les mridangam). Ceux-ci sont accompagnés par le haut bois (le nâgasvaram), le luth indien, la flûte et le nadaswaram.
On dit que la musique jouée est de style carnatique originaire du Tamil Nadu.
Le chef d’orchestre qui est aussi le chanteur principal est appelé Nattuvana. Parfois chef
d’orchestre, chanteur principal et chorégraphe ne font qu’un.
Aussi, les textes et récits peuvent être chantés en tamoul, kannada ou même télougou.

LES FILMS :


Le Bharanatyam est une danse du Sud de l’Inde et Bollywood, originaire de Mumbai, provient de l’ouest du pays. Il donc est assez rare de voir des représentations de cette danse dans les films hindis. Mais, le cinéma tamoul et télougou regorge de magnifiques séquences de danse de Bharatanatyam.
En voici une liste non-exhaustive :

Shiv Tandav, (Meenakshi Seshadri), Damini, (1993) :
Pour commencer cette liste, parlons d’un film Bollywood.
En effet, Damini est l’un des rares films hindis qui contient une danse inspirée du
Bharatanatyam.
Interprétée par la belle Meenakshi Seshadri, cette danse intervient à un moment clé du film.
La chorégraphie permet de dépeindre toute la puissance, la colère et la force du personnage jouée par Meenakshi. Elle nous offre une prestation absolument époustouflante.


Ra Ra, (Jyothika Sadanah), Chandramukhi, (2005)
Chandramukhi est un film d’horreur-comique qui a eu énormément de succès au box-office lors de sa sortie. Multi récompensé, c’est aussi le premier film tamoul doublé en
allemand tant son succès dépassait les frontières.
Aussi, la séquence de bharatanathyam « Ra Ra » est juste incroyable ! On y voit l’actrice Jyothika en danseuse fantôme, nous contant comment son amant fut décapité par un roi un peu trop possessif.
Et puis, c’est une chorégraphie inoubliable surtout pour le look complétement fou qu’arbore Jyothika.

Aditi Rao Hidari jouant Varshini Madhura dans le film Sringaram, (2007)
Marquant les débuts de l’actrice Aditi Rao Hidari dans l’industrie tamoul, Sringaram est un
long métrage contant les aventures d’une jeune devadasi sur fond d’années 20 à 50, lors de la proclamation de la république indienne.
Avec des chorégraphies créées par l’illustre Saroj Khan, ce film est un véritable hommage au Bharatanathyam et à ses danseuses originelles : les Devadasi. Ainsi, Aditi Rao réussit à montrer tout son talent de danseuse à travers les différentes séquences qui sont époustouflantes.

Sudha Chandran jouant son propre rôle dans le film Naache Mayuri (1986)
Il s’agit d’un film biographique réalisé par T. Rama Rao. Nous suivons
l’histoire d’une danseuse classique, Sudha Chandran, qui après être devenue unijambiste,
décide de reprendre sa vie en main et de danser à nouveau.
Chaque séquence de danse est une véritable ode au Bharatanathyam et permet de se plonger dans cet art millénaire.

Lu et approuvé par Célia

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