Il y a 76 ans, le 30 janvier 1948, à 17h17, à New Delhi mourrait Mohandas Karamchand Gandhi. Aujourd’hui considéré comme l’une des figures les plus emblématiques de l’histoire de l’Inde, retour sur l’assassinat de celui qu’on nommait le Mahatma.
Contexte de la mort de Gandhi
Cela fait maintenant 30 ans que Gandhi est retourné en Inde pour participer à la libération de son pays. Inspiré par son mouvement déjà initié en Afrique du Sud, il mène de nombreuses actions toujours placées sous le signe de la non violence pour revendiquer la libération sociale et politique de l’Inde ainsi que la fin de l’ère de domination britannique.
Gandhi pousse la population indienne à la désobéissance civile et au boycott de toutes formes d’occidentalisme sur le territoire indien. Il fait de la spiritualité et de la moralité ses devises ultimes pour arriver à son but final : l’indépendance politique et économique de l’Inde. L’indien ne doit craindre l’anglais sous aucun prétexte et se doit de faire preuve de force d’esprit pour l’émancipation de ses pairs.
Mais Gandhi ne s’est pas fait que des amis dans sa lutte. En effet, sa façon de prôner la non violence et son influence dans la population indienne, lui attire à la fois les foudres des politiques nationalistes indiens du Congrès et des gouverneurs anglais. Malgré cela, Gandhi continue d’associer lutte pour l’autonomisation sociale des indiens et retraites spirituelles dans ses ashrams.
Il milite pour l’indépendance financière de la population rurale indienne, pour la cohésion entre les différentes communautés religieuses ou encore pour l’arrêt de la stigmatisation des intouchables. C’est alors que la Seconde Guerre mondiale arrive. L’Inde est divisée car elle propose de se battre avec les anglais seulement si son indépendace lui est promise. Ainsi elle n’est ni totalement du côté des anglais, ni totalement opposée aux forces de l’Axe et aux nazis..
En 1942, Gandhi lance l‘opération “Quit India”, un appel à l’indépendace imédiate de l’Inde. Mais il est renvoyé en prison et les anglais répriment violemment les manifestants. Pour régler la question de l’insurrection indienne et en se basant sur la vieille querelle hindo-musulmane, les britanniques proposent l’indépendace à condition d’une séparation de l’Inde en deux états distincts : l’un à majorité musulmane et l’autre à majorité hindoue.
Appuyé par les divergences entre Nehru et Jinnah, l’Angleterre organise la partition, le 15 août 1947. Gandhi vit alors cela comme un échec car lui visait une unification totale de l’Inde. C’est la fin de la devise de non violence. 12 millions d’indiens doivent quitter leur terre pour partir vers l’un ou l‘autre côté du territoire. Ce mouvement de population, jamais vu auparavant, cause cependant la mort d’environ 2 millions de personnes.
Il ne reste plus qu’une chose à faire pour Gandhi : tenter d’apaiser les tensions entre musulmans et hindous. Mais les membres de groupuscules politiques nationalistes hindous le voient comme un traite. En effet, il vit dans le quartier musulman de Delhi et mène plusieurs grèves de la faim pour faire entendre sa voix. L’assassinat de Mahatma se prépare alors …
L’assassinat
Les membres des groupes Hindu Mahasabha et Rashtriya Swayamsevak Sangh (le RSS) se préparent à tuer celui qui se montre beaucoup trop conciliant avec la communauté musulmane. Différentes tentatives sont organisées. Mais une seule aboutira.
Le 30 janvier, Gandhi se trouve dans la grande résidence de la riche famille Birla à Delhi. Cela fait plusieurs mois qu’il s’y trouve et qu’il organise des assemblées religieuses pour ses nombreux disciples. Lors d’une autre assemblée, alors qu’il se dirige vers l’estrade, trois coups de feu retentissent. Nathuram Godse, membre du Hindu Mahasabha, est sorti de la foule et vient de tirer trois fois avec son pistolet semi-automatique sur Gandhi. Le Mahatma meurt quelques minutes plus tard.
Enquête et procès après sa mort
Godse est très vite arrêté par les policiers sur le lieu même du meurtre. Et son procès débute. Pendant toute la durée de ce procès d’un an, ce qui a marqué c’est la revendication de son geste par Godse. Il n’a pas hésité une seule seconde à se proclamer assassin de Gandhi et à assumer toute l’idéologie de son geste.
En effet, celui-ci aurait déclaré :
“Je n’ai aucune culpabilité, aucun regret, parce que je crois que Gandhi n’est pas le père de ma nation. Il a donné naissance au Pakistan. Il est le père du Pakistan.”
Godse, assassin de Gandhi
Nathuram Godse et son complice Narayan Apte sont condamnés à mort et pendus le 15 novembre 1949 à la prison d’Ambal.
Conséquence de sa mort
Le décès de Gandhi a totalement ébranlé l‘Inde. Il laissait derrière lui une lutte inachevée et surtout des millions de disciples admiratifs en Inde et dans le reste de monde. Deux millions de personnes assistent à ses obsèques. Les médias du monde entier, même anglais, lui rendent hommage.
A l’époque Premier ministre de la néo Inde, Nehru organise la dissolution des groupuscules hindous et emprisonne toutes personnes associées à ces mouvements nationalistes qui n’ont joué qu’un rôle délétère dans la politique indienne jusqu’à présent.
Sa commémoration
Aujourd’hui encore, les messages de non violence et de Satyagraha (résistance passive) de Gandhi font partie intégrante de l’histoire politique indienne. Il est devenu le Père de la Nation et chaque année son assassinat est comémoré à travers l’Inde lors d’une fête devenu jour férié.
Mais, il faut noter que ses idéaux ont été détournés pour servir la montée de l’extrémisme et dans le même temps, son assassin est aujourd’hui lui aussi adulé par certains…
Rédactrice cinéma, culture et mode.