Ayesha Malik, élue juge au sein de la Cour suprême du Pakistan, une nomination historique qui marque les juridictions pakistanaises. Ainsi, elle devient la première femme occupant ce poste, aussi prestigieux soit-il.
En 2013 le rapport mondial des discriminations et inégalités entre les sexes a été publié. Il a mis en lumière les difficultés de la condition féminine au Pakistan. La médiatisation de la célèbre histoire de Yousafzai Malala n’a fait qu’accentuer la révélation sur cette situation. Toutefois, force est de constater que cette situation est bien plus complexe et contrastée qu’elle n’y paraît. De ce fait, la nuance se doit d’être au rendez-vous.
En effet, les Constitutions pakistanaises témoignent depuis l’indépendance du pays que les femmes ont des droits politiques égaux aux hommes. Cependant, un hiatus persiste entre ces principes de non discriminations et les faits.
En revanche, comme l’avance notre cher Dumbledore (espérons que vous ayez la référence) :
« On peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres… Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière. ».
Effectivement la lumière est ravivée avec la nomination historique d’Ayesha Malik au sein de la Cour suprême, le lundi 24 janvier 2022, au Pakistan.
Ayesha Malik : la nouvelle héroïne du pays
Ayesha Malik a prêté serment à Islamabad où elle siégera aux côtés de ses confrères au sein de la haute instance judiciaire pakistanaise. Cette avancée a vivement été saluée par les défenseurs des droits féminins comme par la militante et avocate Nighat Dad. Elle a qualifié cette nomination d’ « énorme avancée » pour le système juridique. Khadija Siddiqi ( militante ) admet que cet évènement « permettra à d’autres femmes d’avancer » ainsi que la prise de décisions juridictionnelles en faveur des femmes. Ayesha a également été saluée par la gente masculine à haut poste comme le Premier Ministre Imran Khan lui souhaitant bonne fortune pour son nouveau statut.
Mais qui est Ayesha Malik ? Comment est-elle parvenue à s’insérer dans une sphère juridique principalement masculine ? Cette nomination peut-elle signifier l’ouverture d’une brèche égalitaire pour l’avenir ?
Biographie et carrière
Ayesha A. Malik née le 3 juin 1966 est une juge pakistanaise ayant étudié à la célèbre Université d’Harvard au Etats Unis. Elle a exercé à la Haute Cour de Lahore du 27 mars 2012 au 5 janvier 2022. C’est au sein de cette juridiction provinciale (Pendjab) qu’elle permet une évolution des moeurs judiciaires qualifiées de patriarcales.
La carrière d’Ayesha Malik a été marquée par la défense constante des droits des femmes. Ses apports ont été déterminants pour beaucoup. A titre d’exemple, en 2021, elle interdit le test de virginité censé révéler le passé sexuel des victimes de viols. A cet égard, elle déclare : « Il s’agit d’une pratique humiliante, qui est utilisée pour jeter la suspicion sur la victime, au lieu de se concentrer sur l’accusé et l’incident de violence sexuelle» (13 novembre 2021).
Une nomination historique mais complexe
Néanmoins, sa nomination n’a pas été facile. En effet, pendant plusieurs mois, Ayesha est accusée de prendre la place des hommes plus talentueux, qualifiés et expérimentés qu’elle. Si elle a été soutenue par Gulzar Ahmed président même de la Cour Suprême, la résistance des associations et conseils du pays l’a heurté de plein fouet prétextant de nouveau qu’elle ne faisait pas partie des seniors juges.
De plus une grève a été appelée par l’Ordre des Avocats protestant contre la nomination. Elle fait face à une résistance institutionnelle : une commission de neuf juges avaient refusé sa nomination. C’est pourquoi la nomination inattendue fait encore débat. Ces débats ont été balayés par le collectif Women in Law Initiative Pakistan admettant que ni la Constitution ni la jurisprudence ne soulèvent des exigences d’ancienneté.
En outre, cette récente et heureuse nomination féminine à la Cour Suprême aura effectivement un effet positif sur le système juridique pakistanais notamment avec une plus forte nomination de femmes et pourra ouvrir la voie à des réformes justes et égalitaires.