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La fin de Bollywood?

Avec plus de 1000 films par an, l’industrie du cinéma indien est le plus gros producteur de films au monde. Il est important de rappeler que cette industrie, ne se résume pas seulement au cinéma hindi (Bollywood). Bien que cette industrie soit la plus populaire, le cinéma régional, et en particulier celui du sud, ne doit pas être sous-estimé face à Bollywood. Les derniers films en date prouvent que le cinéma du sud est prêt à renverser la tendance.

Avant de parler cinéma, il est important de rappeler qu’il y a plus de deux cents langues qui sont parlées en Inde. Sans compter les dialectes. Seulement 22 sont reconnues comme langues officielles dont le hindi et l’anglais qui sont les deux langues nationales. Une diversité qui va se retrouver dans le cinéma même puisque chaque région possède son industrie cinématographique. 

Bollywood s’est imposé comme le leader du cinéma indien dans le pays, mais aussi en dehors de l’Inde. Et pourtant, en 2015, le film telougou Baahubali change la donne. Le film a été distribué en plusieurs langues dont en tamoul et en hindi. Et, à la surprise générale, Baahubali fait un carton, non seulement en dehors du territoire du sud de l’Inde, mais aussi au niveau mondial. Devenant ainsi le troisèime film le plus rentable de l’histoire du cinéma indien. Du jamais vu pour un film régional.

En s’infiltrant dans le marché du cinéma hindi, Baahubali a ouvert les portes aux autres industries régionales, afin de s’imposer en dehors du sud. De ce fait, les films hindis se retrouvent en compétition directe avec le sud sur leur propre marché. À tel point que plusieurs films hindis décalent leurs dates de sortie, pour éviter de faire face à ces blockbuster. Aujourd’hui, nous entrons dans une ère où le cinéma hindi ne sera plus le seul représentant du cinéma indien.

Tout d’abord, il faut savoir que l’industrie du sud a toujours réalisé de très bon films. Mais difficile de percer en dehors des frontières, à cause du monopole de l’industrie du cinéma hindi qui bénéficie d’une meilleure distribution, en Inde et à l’étranger.

En 2021, suite à la réouverture des salles de cinéma, le film télougou Pushpa sort sur grand écran. Le film fait un carton au box-office. Un succès qui prouve que le cinéma du sud est là pour s’imposer. Actuellement, 3 blockbusters du sud explosent les compteurs au box-office. Trois superproductions issues de trois industries différentes : Beast (cinéma tamoul), KGF (cinéma kannada) et RRR (cinéma télougou).

BEAST : BLOCKBUSTER OU FLOP ?

Vijay dans le film Beast. sources : IMDB/Beast (2022)

Le 13 avril sortait ‘Beast‘ dans les salles de cinéma en France. Le film tant attendu mettant en vedette la mégastar de Kollywood Vijay, surnommé Ilaya Thalapathy (jeune commandant en tamil) par ses fans. Réalisé et écrit par Nelson Dilipkumar, le film raconte l’histoire d’un agent de la RAW (agence de  renseignement extérieur de l’Inde) dont le rôle sera interprété par Vijay, à travers le personnage de Veera Raghavan. Il aura pour mission de se rendre dans l’état du Kashmir occupé par le Pakistan afin d’affronter un redoutable terroriste islamiste.  

Au début du film, au cours d’un flashback, on peut voir une petite fille innocente se faire exploser involontairement par un lance-roquette envoyé par Veera. L’accident va bouleverser Veera, au point qu’il va démissionner de la RAW. Depuis Veera va éprouver une grande sensibilité à l’égard des  enfants. D’ailleurs, c’est cette affectuosité pour les enfants qui le poussera à faire son retour, cette fois en tant qu’agent de sécurité, pour venir à la rescousse d’enfants en détresse après que les  terroristes islamistes se soient emparés du centre commercial de l’East Coast.  

Review du film

Bien que le synopsis semble assez intriguant, malheureusement le film a été banni au Koweït et au Qatar. D’après certaines sources, la raison pour laquelle le film n’a pas été diffusé dans ces pays, c’est le fait qu’il véhicule à l’écran une image des musulmans comme étant des terroristes.

De plus, les avis sont assez mitigés auprès des fans qui jugent l’histoire ennuyante. En effet, d’après  les fans de l’acteur : il n’y a rien de vraiment nouveau par rapport à ses films précédents. De plus, le film obtient seulement une note de 2,5/5 par le célèbre journal Times of India. Cependant, cela ne l’a pas empêcher de réaliser un score de Rs 50 crores le jour de la sortie  du film. Et ce dans les cinémas en Inde dans divers régions du pays : au Tamil Nadu le taux d’occupation s’est élevé à 66,39% dans l’état et 45,64% dans l’état Telugu. Ces chiffres nous permettent de classer le film parmi les plus gros du box office Indien. 

Alors pourquoi tant de ‘Backlash’ autour du film ?  

Selon de nombreuses critiques cinématographiques, le film ne s’avère pas être un échec, ni sur le plan financier, ni au niveau du scénario. Seulement, il se trouve que l’engouement autour du film était tellement énorme que certains en attendaient peut-être plus. On rappelle que le trailer a atteint un record sur Youtube, ainsi que la chanson « Arabic Kuthu » qui fait danser toute l’Inde dont les acteurs Bollywood les plus populaires.

Les fans ont notamment salué la performance de Pooja Hegde qui joue pour la première fois aux côtés de Vijay. Les critiques attribuent également une mention spéciale pour le montage qui a été  qualifié de très bon. Et pour terminer, la cinématographie et la conception de la production restent  correctes.  

Le film reste une belle réussite pour toute l’équipe. C’est pourquoi on peut le qualifier de blockbuster.

Review de la rédactrice Abilasa

K.G.F CHAPITRE 2 : LE RETOUR DU SULTAN

Yash dans K.G.F Chapitre 2. Sources : IMDB/K.G.F Chapitre 2.

Un jour après Beast, voilà que le film se clash avec une autre superproduction, la deuxième partie très attendue du film K.G.F.. Un film Kannada réalisé par Prashant Neel, avec en-tête d’affiche l’acteur Yash. Sortie en 2018, la première partie fut un succès récoltant au box-office 250 crore, devenant ainsi le film le plus rentable de l’industrie du cinéma kannada.

L’histoire se centre sur le personnage Rocky et en parallèle la mine d’or très convoitée K.G.F. Né dans un milieu pauvre, Rocky fait une promesse à sa mère. Celle de devenir l’homme le plus riche et le plus puissant de l’Inde. Arrivé à l’âge adulte, Rocky devient un gangster, entouré des plus gros mafieux du pays. Ces derniers, ont tous la main mise sur la mine d’or Kolar Gold Fields. Ces derniers vont l’envoyer sous couverture assassiner le propriétaire de la mine. Arrivé sur les lieux, il aura pour but de contrôler la plus grande mine d’or de l’Inde, Kolar Gold Fields (K.G.F) et bâtir son propre empire.

Le chapitre 2 est une poursuite de l’ascension de Rocky jusqu’au sommet de la gloire. Mais, cette fois-ci, les adversaires de Rocky ont le même rapport de force que lui. Interprété par Sanjay Dutt, Adheera est un personnage sanguinaire qui s’est imprégné de la culture nordique, en particulier des Viking, pour faire régner sa terreur. L’autre adversaire est la politicienne Ramika Sen qui va utiliser tous les moyens possibles pour détruire Rocky et son empire.

Review du film

Malgré des avis partagés de la part des critiques, il faut rappeler que K.G.F 2 est ce qu’on appelle un film mass entertainment ou masala movie. Ceux sont des films produits pour divertir le grand public au maximum. On retrouve bien-sûr, ce détail du héros hypermasculinisé. Mais ce qui différencie KGF des films masala classiques, c’est son intrigue. Etant très bien écrite et se développant sur les deux chapitres. Des scènes d’action intenses sans entrer dans l’exagération et une cinématographie travaillée. Tout est fait pour plonger le spectateur dans une autre dimension, tant sur le plan visuel que sonore. On apprécie le fait qu’il y est seulement 4 chansons pour éviter de surcharger le film. En effet, la bande originale est l’un des points positifs du film digne d’une superproduction américaine.

Ce que l’on retrouve dans la saga K.G.F, c’est l’aura des vieux films des années 70. Le réalisateur, un grand fan d’Amitabh Bachchan, s’est inspiré des anciens films pour écrire le scénario. Ainsi, on retrouve dans le personnage de Rocky quelques similarités avec celui que l’on surnomme “angry young man“.

Sanjay Dutt dans le rôle de Adheera. Sources : IMDB / KGF Chapitre 2 (2022)

K.G.F chapitre 2 est distribué en 5 langues : Kannada, Telougou, Tamoul, Hindi et Malayalam. Le jour de sa sortie, le film récolte prés de 135 crores. La version hindi a rapporté près de 54 crores, explosant le record du premier jour de diffusion en Inde. Dépassant même les films hindi Thugs of Hindostan (51, 60 crore) et War (50,75 crore). K.G.F 2 est diffusé dans plus de 10, 000 salles dans le monde, une première pour un film kannada. À ce jour, le film est déjà un blockbuster puisque les chiffres sont à 820 crore toutes langues confondues. Ainsi, K.G.F chapitre 2 va t’il battre le record de RRR ?

Review de la rédactrice Hafousoi

LE RÈGNE DE RRR

sources : IMDB / RRR (2022)

Avec 750 crores au box office indien en seulement quatre semaines (98 350 000 de dollars), RRR, le nouveau film du  réalisateur SS Rajamouli semble bien repousser toutes les limites du blockbuster.

Mais de quoi parle ce film dont tout le monde parle ?

La trame de RRR se déroule en 1920, à l’époque de l’Inde britannique. La femme d’un général anglais emmène de force une petite fille d’une tribu habitant dans la forêt d’Adilabad. Le frère de la petite, Bheem, décide de traverser forêts et montagnes pour libérer sa pauvre petite sœur.

De l’autre côté, il y a Ram, un officier indien qui rêve de monter en échelon dans l’armée anglaise. Lorsqu’il entend que Bheem est à la recherche de sa sœur, il promet à ses supérieurs de l’arrêter coûte que coûte. Mais c’est alors que nos deux héros se rencontrent. Et, sans savoir l’identité de l’autre ils nouent une très forte amitié. Le film nous montre comment ces deux figures titanesques vont s’affronter.

Review du film

Avec son histoire de bromance plutôt simple, sur fond d’histoire coloniale, RRR est un film à l’énergie débordante porté par des acteurs charismatiques.
On retrouve tous les ingrédients qui font de ce film un blockbuster. Des scènes d’action spectaculaires, des visuels flamboyants, une histoire rythmée et la figure de l’héroïsme poussée à l’extrême.

L’histoire proposée est totalement manichéenne. On voit constamment s’opposer les bons indiens patriotes et fiers, voulant sauver la veuve et l’orphelin ; aux méchants anglais oppresseurs et sadiques. Mais ça marche. Ça marche parce que le film n’a pas d’autre prétention que de divertir au maximum son public. De lui permettre de s’engager pleinement dans une histoire. Et ainsi, sortir de la salle avec des étoiles plein les yeux.

On pourrait tout de même s’interroger sur l’époque durant laquelle se déroule l’intrigue. Mais aussi sur l’utilisation de figures historiques en tant que personnages principaux. En effet, Ram et Bheem ont réellement existé. Il s’agit de Komaram Bheem et Alluri Sitarama Raju qui étaient des révolutionnaires indiens. Mais ils ne se sont jamais croisés puisqu’ils militaient à des endroits complètement différents de l’Inde. On constate finalement que cette utilisation sert à approfondir la figure d’homme martyr, des personnages de Bheem et de Ram.

Il faut saluer la direction absolument impeccable de SS Rajamouli. Lui et son équipe ont réussi pendant près de 3h à proposer une nouvelle façon de diviniser les deux héros. La caméra du réalisateur use de mouvements de travelling et de ralentis pour rendre toujours plus épique Bheem et Ram, qui se battent contre les anglais lors d’un climax palpitant.

La photographie de KK Senthil Kumar est à la fois extravagante et généreuse. Et malgré quelques fonds verts un peu visibles, les effets spéciaux et le montage sont gérés à la perfection, rendant le tout électrique.

Bande annonce du film RRR.

On ne peut décrocher les yeux de l’écran une seule seconde. Et même si l’entracte de 5 minutes permet de souffler, RRR est un film qui augmente en puissance à chaque minute.

C’est là que le film se termine en apothéose avec un climax nerveux de presque 15 minutes lors duquel la représentation divine de ses personnages est à son paroxysme. En plus d’être la représentation de personnages historiques, Bheem et Ram sont, maintenant, totalement devenus respectivement Bihma du Mahabharata et Rama du Ramayana; les deux épopées fondamentales de la religion hindoue.

On peut alors les voir abattre leurs ennemis un à un lors de chorégraphies de combats incroyables ; pour enfin devenir victorieux de la couronne anglaise.

Pour terminer, il faut aussi parler de la musique du long-métrage. Hyper entrainante et épique, elle permet de souligner et d’accompagner tous les moments les plus importants du film.

RRR: un raz de marée ?

C’est donc tous ces éléments qui font de RRR l’un des films les plus marquants de l’histoire du box-office du cinéma indien.

En effet, alors qu’il est sorti le 25 mars et que ces comparses dont nous avons parlé plus haut sont sortis tout juste la semaine dernière, on ne peut nier que RRR jouit d’une bonne longévité dans les salles obscures. Le film continue à attirer le public en masse, dans le nord de l’Inde où il totalise 256,04 crores de recettes. Ou même ici en France, car de nombreux médias plus traditionnels et qui boudent très souvent (à tort) le cinéma indien parlent du film et lui permettent d’avoir une plus grande visibilité. Je vous invite à aller voir l’article écrit par le site de critique Écran Large. Et à écouter, le podcast de “La chronique de Frédérick Sigrist” sur France Inter.

RRR profite partout dans le monde et continue de régner au cinéma avec un total brut mondial que l’on estime à 1080 crores !
RRR c’est le grand spectacle à voir (ou à revoir) actuellement en salle! 

Review de la rédactrice Farida

Avec ces trois incroyables sorties peut-on affirmer que Bollywood est désormais finito ?

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