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Le Sri Lanka face à la pire crise économique depuis son indépendance

Le pays insulaire situé en Asie du Sud est classé comme destination de vacances n°1 par Lonely Planet. Il devient aujourd’hui déserté par les touristes mais également par ses habitants. La cause de ce dépeuplement ? Le coronavirus et la crise économique engendrée par celle-ci. Selon les analystes, il s’agirait de la pire crise économique du pays depuis son indépendance, il y a 74 ans.

Le contexte de son indépendance

C’est le 4 février 1948 que la petite île de ‘Ceylan’, renommée « Sri Lanka », devient indépendante.

Autrefois colonie de l’Empire Britannique, l’île de Ceylan s’est affranchi pour devenir un pays indépendant. En effet, les protestations face au souverain britannique se font de façon pacifiste sans avoir recours à la violence. De même c’est de manière pacifique que l’indépendance sera accordée sans qu’il soit nécessaire de passer par une guerre. Cependant, les britanniques étaient loin de se douter qu’après avoir laissé le pouvoir entre les mains de la majorité cinghalaise, des guerres meurtrières allaient ravager le pays 30 ans plus tard.

Une guerre inégale opposant les cinghalais aux minorités tamoules

L’origine du conflit entre les tamouls et les cinghalais remonte à la domination coloniale britannique. Bien que les tamouls sri lankais ne représentaient 12% de la population totale les cinghalais, qui, eux, représentent 75% de la population du pays, ont toujours perçu les tamouls comme une « menace identitaire ». Face à la montée du nationalisme cinghalais dans l’île, le révolutionnaire Velupillai Prabhakaran fonde le mouvement des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (souvent abrégé en LTTE) en 1976.

La guerre civile du Sri Lanka opposant les LTTE à l’armée sri lankaise débutera en 1983. Celle-ci sera achevée seulement en 2009 suite à la mort du dirigeant du mouvement engendrant par ailleurs la défaite des LTTE et donc la victoire de l’armée sri lankaise.

Le bilan de cette guerre est terrible : un total de 100 000 morts dont au moins 40 000 civils tamouls selon les Nations Unies. Un nombre effroyable de disparitions forcées allant de 60 000 à 100 000 cas faisant du Sri Lanka l’un des pays comptabilisant le plus de cas de disparitions forcées dans le monde.

Le tourisme pour effacer les traces de la guerre civile

Sigirîya – appelé aussi Simhagîri, rocher du lion.

Afin de reconstruire le pays après les dégâts causés par la guerre, le Sri Lanka va essentiellement miser sur le tourisme. Le pays va tenter le tout pour le tout afin de conquérir le cœur des voyageurs à travers le monde. Il est à noter que les ambitions touristiques du gouvernement seront rapidement accomplies. Effectivement, seulement 3 ans après la fin de la guerre en 2009, le nombre de touristes passe de 447 000 à plus de 1 000 000 en 2012. C’est un véritable record historique pour l’île qui n’avait jamais connu un tel nombre de visiteurs depuis des décennies. Mahinda Rajapaksa, qui a présidé le pays de 2005 à 2015 va immédiatement réaliser que c’est le secteur touristique qui est la clé du bénéfice du Sri Lanka. Leur économie en dépend donc fortement.

L’échec du gouvernement Rajapaksa face à la crise sanitaire

La dynastie Rajapksa est élue à la suite des élections tenues à la fin du mois de novembre 2019. Avec Gotabaya Rajapaksa à la tête du gouvernement et Mahinda Rajapaksa nommé Premier Ministre. Celle-ci ne parvient pas à apporter des véritables solutions permettant au pays de faire face à la crise économique advenue conséquemment au Covid-19.

Le président Gotabaya Rajapaksa qui avait pourtant promis lors de sa campagne de réduire les impôts se voit même contraint de les surhausser à nouveau. Le gouvernement fait face à un véritable revirement de situation, c’est du jamais vu. Alors que le gouvernement avait même réussi à fortement réduire la dette, aujourd’hui la banque centrale du Sri Lanka a plus que jamais besoin d’aide.

Le taux d’inflation au Sri Lanka de 1986 à 2026. Source : Statista2022.

La crise sanitaire a engendré de nombreuses restrictions notamment liées aux déplacements au sein comme à l’extérieur des pays. Ainsi, le Sri Lanka se trouvait privé d’une de ses sources économiques fondamentales à savoir le tourisme.

Des séquelles devenues presque insurmontables :

Les conséquences de cette pandémie ont été particulièrement dévastatrices pour le Sri Lanka dépendant essentiellement du secteur touristique. Les résultats s’avèrent même très inquiétants concernant les affaires financières du pays. Les analystes ont révélé la semaine dernière que cette crise s’aggrave de jour en jour. Elle est sans doute celle n’ayant jamais été connue par le pays depuis son indépendance. Certains craignent même une véritable faillite financière.

Face à cette situation, le gouvernement sri lankais n’a pas d’autres moyens que d’imprimer de la monnaie pour rembourser les prêts nationaux et les obligations étrangères. Certains économistes ont notamment conseillé le gouvernement de se tourner vers le FMI (Fonds monétaire international).

Manifestation contre l’augmentation des prix et les pénuries de produits essentiels, à Colombo, capitale économique du Sri Lanka.

Ce pays, autrefois une destination touristique très attrayante et convoitée, parviendra t-il à sortir de cette crise économique ?

Dans le même temps, cela fait maintenant plus d’un mois que la guerre opposant l’Ukraine et la Russie a débuté. L’intervention militaire russe et les sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie auront-elles un impact sur le marché économique sri lankais ?

  • Le FMI a pour but de fournir des crédits aux pays passant par de grandes difficultés financières

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