Un simple détail d’agenda qui devient affaire d’État
C’est une histoire qui n’aurait jamais dû faire autant de bruit. Et pourtant, depuis quelques jours, Deepika Padukone est devenue le centre d’un débat brûlant à Bollywood.
Raison ? Son exigence d’un horaire de travail limité à huit heures par jour. Une demande qui aurait provoqué sa sortie de deux projets phares : Spirit de Sandeep Reddy Vanga et le très attendu Kalki 2 de Nag Ashwin.
Certains crient au caprice de star. D’autres applaudissent son courage. Mais ce que cette affaire révèle, c’est bien plus profond : la manière dont Bollywood traite ses talents, surtout lorsqu’ils sont féminins.

D’où vient le clash ?
Tout commence discrètement, au cœur de l’été 2025. Des fuites issues des plateaux évoquent une “clause 8 heures” demandée par Deepika pour son tournage de Spirit. Objectif affiché : préserver son équilibre personnel et familial, depuis la naissance de sa fille.
Problème : les producteurs jugent ces contraintes impossibles à gérer. Résultat : rupture de contrat, tensions, puis silence radio.
Quelques semaines plus tard, son nom disparaît mystérieusement du casting de Kalki 2.
La presse en fait ses choux gras : “Deepika trop exigeante ?”, “La diva des tournages ?”. En quelques jours, la rumeur enfle et les réseaux sociaux s’enflamment.
Deepika sort du silence
Plutôt que de laisser les tabloïds parler pour elle, Deepika a fini par s’exprimer dans une interview à CNBC TV18.
Et ses mots ont eu l’effet d’une bombe :
“Beaucoup de superstars masculins travaillent déjà huit heures par jour depuis des années. Et pourtant, personne n’en parle.”
Elle dénonce un double standard : quand un homme impose ses conditions, on parle de professionnalisme ; quand c’est une femme, on parle de caprice.
Elle ajoute que Bollywood “reste désorganisé” et qu’un peu de structure ne ferait de mal à personne.
En une phrase, elle a repositionné le débat : ce n’est plus une affaire d’ego, mais de conditions de travail et d’égalité de traitement.
L’industrie se divise
Comme souvent dans ce genre de tempêtes, les réactions se sont multipliées. Et elles en disent long sur les mentalités du milieu.
Les soutiens
- Hansal Mehta (réalisateur de Scam 1992) : “Les tournages de 12 à 14 heures sont une aberration. Ce que dit Deepika, c’est du bon sens.”
- Siddharth P. Malhotra (Hichki) : “Kajol et Rani travaillaient déjà sur des journées de huit heures. Pourquoi cela choque aujourd’hui ?”
- Ajay Devgn et Kajol, souvent discrets, ont soutenu la démarche, rappelant qu’il faut “humaniser” le cinéma indien.
Les réserves
- Rohan Sippy (Dum Maro Dum) prévient : “Le cinéma n’est pas une usine. On ne peut pas tout minuter.”
- Tarun Mansukhani (Housefull 5) ironise : “Si quelqu’un me dit à 11h ‘je pars à 17h’, je fais comment pour finir ma scène ?”
- Suneel Darshan, producteur, estime que ces exigences “peuvent désorganiser tout un plateau”.
Le débat n’est plus artistique. Il est désormais culturel : faut-il réguler Bollywood ou continuer à fonctionner à l’instinct, au risque du burn-out collectif ?
Le fond du sujet : pas qu’une histoire d’ego
Ce que Deepika met en lumière, c’est un problème structurel : l’absence de règles claires dans une industrie où tout repose sur la flexibilité et la “bonne volonté”.
Pour beaucoup, la superstar ne réclame pas des privilèges, mais une normalisation du chaos.
Huit heures de tournage, ce n’est pas peu.
C’est juste ce que prévoient la plupart des chartes professionnelles ailleurs dans le monde (et même certains plateaux indiens masculins).
Mais à Bollywood, où la dévotion au travail est presque sacrée, vouloir rentrer chez soi à une heure fixe reste tabou — surtout pour une femme.
Parole de fans et d’internautes
Sur X (anciennement Twitter), les réactions sont tranchées :
“Elle a raison ! On veut des tournages humains.”
“Quand tu gagnes des millions, tu bosses plus de huit heures, c’est tout.”
“Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de respect du corps et de la vie privée.”
En quelques heures, le hashtag #StandWithDeepika s’est hissé dans les tendances indiennes.
Caprice ou conscience ?
La vraie question n’est peut-être pas “a-t-elle raison ?”, mais “pourquoi cela choque-t-il autant ?”
Quand un Shah Rukh Khan ou un Aamir Khan impose des conditions de tournage, personne ne parle de caprice.
Mais lorsqu’une femme demande la même chose, la presse people crie à la diva.
Ce double standard, Deepika l’a résumé sans colère mais avec fermeté. Et qu’on l’approuve ou non, elle a ouvert une brèche dans un système où la fatigue, les retards et l’improvisation sont la norme.
Ce que cette affaire change vraiment
- Elle pose une question d’équilibre : jusqu’où peut-on aller pour la productivité ?
- Elle révèle le tabou du bien-être au travail à Bollywood.
- Elle montre qu’une actrice de premier plan ose défier la norme, quitte à perdre des contrats.
- Et surtout, elle fait entrer le mot “huit heures” dans un débat public que l’Inde du cinéma n’avait encore jamais vraiment eu.
À retenir
- Deepika a quitté Spirit et Kalki 2 après des désaccords sur son horaire maximal de travail (huit heures par jour).
- Elle dénonce un double standard de genre.
- Plusieurs réalisateurs et acteurs la soutiennent ; d’autres jugent sa demande irréaliste.
- L’affaire ouvre un débat plus large sur les conditions de tournage et la modernisation de Bollywood.
Sources
- Hindustan Times, India Today, The Indian Express, Times of India, Economic Times